“Iwannabe” ….une autre et la même femme, puis un homme, une robe, un sexe en plus, une chanteuse des années 30, une ex fan des sixties, une voix, la trace d’un film, devenir sans cesse dans le même plan un objet et un sujet, une idée et une forme, une chose trop humaine, un mutant.
“Je voudrais être” n’est pas l’expression d’un regret mais d’un désir, d’un mouvement, d’un projet de transformation. Dans les pièces de Marina Faust ce mouvement s’exprime dans un temps lapidaire, contracté, qui a déjà éliminé toutes les formes plates de séduction, de mise en image et qui se souvient de l’énergie contenue dans tout exercice de captation (la photographie) ou d’inscription (l’écriture). Less is more. Ecarter, soustraire, gratter, autant de termes qui participent d’un vocabulaire du creux et de la mémoire. “Je me souviens” est aussi un mouvement qui restitue au réel sa force non symbolique, triviale et charnelle.
Dans ces morceaux qui se suivent sans autre linéarité que celle qui se construit à posteriori, les séquences sont davantage des plans autonomisés (le début ou la fin d’un film) où le corps tendu, sans visage, se concentre sur ses modes d’apparition, de perte et de récupération : essouflement, extension, saute, rattrapage, chute. Ce corps protéiforme est serré dans une durée qui suppose un effort physique et mental de part et d’autre (de elle à moi), d’un bout à l’autre de la chaîne des plans.
La morphologie du travail de Marina Faust renvoie à celle du conte, à son archaïsme. Ici aussi le monde se dissout dans la traversée d’espaces incompréhensibles et de forêts obscures, s’achemine vers des forces invisibles, résonne de petites ritournelles contemporaines, fait peser des menaces infantiles, cherche sans cesse un autre si proche et n’en finit pas de vouloir percer le secret d’un rapport, d’un désir, celui du sexe et de l’amour.
Stéphanie Moisdon Trembley